MODERNE

Et la nouvelle faculté de Rome saura assurément en faire de même, en saisissant la fonction enzymatique et catalytique du design dans la société et dans la ville, ancienne ou moderne. Le début de ce siècle a vu poindre un nouveau modèle de modernité, moins "forte et concentrée" qu'au siècle passé, mais plus "faible et capillaire". Ce modèle agit au travers de mécanismes réversibles, de solutions provisoires et de schémas incomplets. Dans cette modernité

Le design revêt une fonction essentielle par sa nature discontinue et par son métabolisme hybride: il utilise la technologie pour ses ressources esthétiques et l'esthétique pour ses apports technologiques... C'est donc une modernité plus adaptée à notre société "réformiste", obligée de modifier quotidiennement ses statuts afin de résoudre les problèmes engendrés par un système social instable en quête d'équilibres nouveaux — qui par ailleurs ne seront jamais des acquis définitifs — et de l'adapter en le développant, sans toutefois revendiquer un modèle de fonctionnement unique.

Cette métaphore empruntée par Andrea Branzi au sociologue Zygmunt Bauman, pour qualifier le design, a été choisie pour décrire les spécificités de la nouvelle modernité.

Je travaille toujours dans l’idée qu’il y a une dimension que la modernité a complètement oubliée qui est le concept d’infini.

Il faut au contraire travailler dans l’esprit d’une modernité faible, donc réversible, qui peut s’adapter aux changements permanents de cette société.

Maintenant, c’est un brouillard très intéressant parce que l’on peut, comme vous le savez, on le voit tous les jours, tout faire, dans tous les lieux, il n’y a plus de spécialisation, etc. Donc il y a enfin, pour ce que je peux m’engager à imaginer, il y a cette situation qui est vraiment profondément différente de l’héritage que nous avons reçu de la modernité, de tous les théorèmes du rationalisme, de toutes ces choses bien organisées.

Ce n’est pas la ville du future, mais la ville d’aujourd’hui, qui est une ville qui ne marche pas. C’est-à-dire qui est née, soit la ville moderne, soit la ville historique - encore plus - avec des idées de fonctionnement de l’économie, de la société, qui maintenant n’existent plus.

La modernité c’est une idée Eurocentrique, et on a jugé les pays, la civilisation des pays, la modernisation d’un pays, à partir de l’utilisation des codes de l’architecture européenne.

Je parle toujours dans la logique d’une modernité faible donc non rigide, pas trop raide.

BRANZI, Andrea. Progress . In : QUEHEILLARD Jeanne, SALMON Laurence, BRANZI Andrea, In progress: le design face au progrès, exposition, Grand Hornu, Monographik, Blou, 2010, p. 33-39.
BRANZI Andrea. Conférence, Exposition In Progress, 8 mai 2010 - 12 septembre 2010, Grand-Hornu Images, Belgique, 24 juin 2010
BURKHARDT, François, MOROZZI, Cristina. Andrea Branzi, 4ème de couverture. In : Andrea Branzi No stop city, Archizoom associati, éditions HYX, Paris, décembre 1997
BRANZI Andrea. L’enjeu capital(es), Colloque international d’architecture, 1 - 2 octobre 2009, Centre Pompidou.