QUOTIDIEN

L'on accuse fréquemment cette jeune génération de ne pas être "engagée", mais en réalité elle exprime une sorte de nouvelle énergie politique qui émane d'un jugement esthétique (qui est aussi un jugement politique) sur la "laideur" du monde actuel qu'elle veut changer sans délai, à partir des objets domestiques, des ustensiles quotidiens; elle saisit l'inutilité qui nous entoure et recherche de nouvelles solutions dans le domaine des micro-fonctions domestiques.

Les jeunes témoignent donc d'une nouvelle urgence de réformes qui dépasse l'ancien schéma selon lequel on ne peut changer le monde que par des macro-entreprises politiques et des super-projets globaux; bien au contraire, nos étudiants croient (et nous le croyons également) qu'il existe actuellement une nouvelle possibilité d'améliorer le monde à partir de ce qui est infiniment petit, apparemment superflu, et à partir de l'esthétique du quotidien.

C'est bien là que réside le destin du design. L'économiste indien Muhammad Yunus (prix Nobel de la Paix en 2006) a démontré que ces stratégies sont aujourd'hui possibles et, après l'échec des méga-programmes du XXe siècle, il a amélioré l'existence de 170 millions de personnes grâce au microcrédit, seul capable de pénétrer dans les interstices des économies nationales pour en modifier le fragile équilibre quotidien.

C'est donc une modernité plus adaptée à notre société "réformiste", obligée de modifier quotidiennement ses statuts afin de résoudre les problèmes engendrés par un système social instable en quête d'équilibres nouveaux — qui par ailleurs ne seront jamais des acquis définitifs — et de l'adapter en le développant, sans toutefois revendiquer un modèle de fonctionnement unique.

A mon avis le design en ce moment c’est vraiment le protagoniste de ce siècle, pour sa faiblesse, pour sa capacité à entrer dans les petits espaces, dans la vie quotidienne.

En effet on sait bien que dans les siècles passés il y avait des idées complètements différentes, c’est à dire que l’univers pouvait être transformé ou à travers la bombe atomique ou à travers les conflits mondiaux, des grandes transformations ou révolutions, mais très souvent, ce type de transformations ont produit soit des désastres, soit des grandes réformes qui n’ont jamais touché la vie quotidienne.

La capacité d’entrer dans la dimension de l’économie quotidienne, dans les micro-espaces, et ceci c’est le rôle du design, de changer la qualité des grands complexes méga-urbains à partir de la dimension anthropologiques, qui est sûrement une dimension minimale et sans grands signes, ça c'est très important.

réalisée de grandes transformations à l’aides de micro-structures, aller vers une miniaturisation de la société, vers l’espace minimum de la vie quotidienne.

BRANZI, Andrea. Progress. In: QUEHEILLARD Jeanne, SALMON Laurence, BRANZI Andrea, In progress: le design face au progrès, exposition, Grand Hornu, Monographik, Blou, 2010, p. 33-39.
BRANZI Andrea. Conférence, Exposition In Progress, 8 mai 2010 - 12 septembre 2010, Grand-Hornu Images, Belgique, 24 juin 2010
BURKHARDT, François, MOROZZI, Cristina. Andrea Branzi, 4ème de couverture. In: Andrea Branzi No stop city, Archizoom associati, éditions HYX, Paris, décembre 1997
BRANZI Andrea. L’enjeu capital(es), Colloque international d’architecture, 1 - 2 octobre 2009, Centre Pompidou.