UTILE

De nos jours, le design peut se situer sur deux terrains différents: le terrain physique et réel du marché (où les objets tangibles existent et peuvent être utilisés), et le terrain immatériel (non moins important) constitué par la circulation médiatique des idées expérimentales, là où les objets n'existent plus mais peuvent néanmoins être regardés et vus, puisqu'ils circulent en un nombre infini d'exemplaires sur le territoire iconique mondial; en propageant des hypothèses et des théorèmes destinés à stimuler la créativité sociale et à produire des énergies porteuses de changement.

L'on accuse fréquemment cette jeune génération de ne pas être "engagée", mais en réalité elle exprime une sorte de nouvelle énergie politique qui émane d'un jugement esthétique (qui est aussi un jugement politique) sur la "laideur" du monde actuel qu'elle veut changer sans délai, à partir des objets domestiques, des ustensiles quotidiens ; elle saisit l'inutilité qui nous entoure et recherche de nouvelles solutions dans le domaine des micro-fonctions domestiques.

Le design revêt une fonction essentielle par sa nature discontinue et par son métabolisme hybride: il utilise la technologie pour ses ressources esthétiques et l'esthétique pour ses apports technologiques.

Donc ce sont 9 suggestions, avec, pour la première fois, la réutilisation de l’architecture qui existe. On arrête de bâtir.

Il a y beaucoup de villes, comme par exemple Milan, où à une époque on trouvait des millions de mètres carrés d’usines abandonnés, des bureaux abandonnés, car ils avaient transféré la production dans des pays éloignés, alors qu'ils sont très utiles sur le plan des coûts économiques.

La modernité c’est une idée Eurocentrique, et on a jugé les pays, la civilisation des pays, la modernisation d’un pays, à partir de l’utilisation des codes de l’architecture européenne. Mais je dois dire qu’il y a d’autres traditions urbaines qui sont à mon avis en ce moment bien plus intéressantes.

Et voir au contraire la ville davantage comme un ensemble d’espaces caves, comme ici nous sommes dans Paris, mais nous utilisons ceci et un ensemble d’espaces comme ça, donc de l’intérieur.

Au contraire l’espace circulaire dans lequel on se trouve maintenant permet d’utiliser tous les langages anciens, contemporains, n’importe, tout ce qui est utile, on peut l’utiliser sur la base, pas de la culture de la mémoire, mais au contraire dans la culture de l’amnésie, c’est-à-dire où on ne reconnaît pas exactement la distance passée, les contemporanéités, etc.

La ville aujourd’hui est une réalité opaque, cette réalité doit devenir multiple et utilitaire.

Il faut maintenir la biodiversité dans les villes ce qui donnera des modèles d’urbanismes faibles suivant les saisons et les utilités agricoles.

Il faut réutiliser ce qui existe déjà, multiplier leurs fonctions.

BRANZI, Andrea. Progress. In: QUEHEILLARD Jeanne, SALMON Laurence, BRANZI Andrea, In progress: le design face au progrès, exposition, Grand Hornu, Monographik, Blou, 2010, p. 33-39.
BRANZI Andrea. Conférence, Exposition In Progress, 8 mai 2010 - 12 septembre 2010, Grand-Hornu Images, Belgique, 24 juin 2010
BURKHARDT, François, MOROZZI, Cristina. Andrea Branzi, 4ème de couverture. In: Andrea Branzi No stop city, Archizoom associati, éditions HYX, Paris, décembre 1997
BRANZI Andrea. L’enjeu capital(es), Colloque international d’architecture, 1 - 2 octobre 2009, Centre Pompidou.