Notre époque a besoin d'élaborer des scénarios novateurs, qui ne soient pas le fruit d'une seule et unique logique mais se nourrissent d'un plancton de logiques différentes, sans craindre de franchir la limite qui sépare le projet de l'imaginaire, ce qui est facile de ce qui est difficile, car, dans l'ère de la mondialisation, le rôle de "l'innovation" assume une fonction stratégique et fondamentale pour le système civil dans son ensemble.
De nos jours, le design peut se situer sur deux terrains différents: le terrain physique et réel du marché (où les objets tangibles existent et peuvent être utilisés), et le terrain immatériel (non moins important) constitué par la circulation médiatique des idées expérimentales, là où les objets n'existent plus mais peuvent néanmoins être regardés et vus, puisqu'ils circulent en un nombre infini d'exemplaires sur le territoire iconique mondial; en propageant des hypothèses et des théorèmes destinés à stimuler la créativité sociale et à produire des énergies porteuses de changement.
Il ne semble exister aucun espace, aucun interstice qui ne puisse être envahi par cette sorte de breuvage revitalisant, composé de tant de langages différents et de tendances imprécises résultant non pas d'un projet unitaire mais d'un "essaim de projets" nés d'une énergie sociale (et industrielle) débordante et basés non sur une méthodologie, mais sur "toute" méthodologie concevable...
À l'intérieur, des logiques très diverses s'affrontent et le tout se comporte tel un grand océan dont les eaux baignent différents rivages, qui abrite des fosses abyssales et est parcouru de nombreux courants, mais dont chaque goutte a pourtant le même goût salé.
En effet, cela ne nous avait pas échappé, dans un entretien avec Cristina Morozzi en 1997, vous disiez : "Faire des prophéties porte toujours malheur, mais je ne pense pas que lavenir sera très différent du présent".
La différence intéressante avec la condition actuelle de cet infini, cest quil ny a plus de distance entre lobservateur et le tableau, nous sommes entrés dans le tableau, dans un espace intégré, donc nous sommes comme les poissons dans la mer, qui sont dans leau mais qui nont pas la vision de la mer.
Parce quil y a besoin de ce type dénergie dinnovation qui est réalisée par les créatifs, par quelquun qui est capable de penser des formes nouvelles de logique, de trouver des possibilités productives, donc des connexions différentes.
Dans chaque territoire, dans chaque pays, il y a une crise différente, il y a une multiplication des formes de crise.
Ce nest pas réalisé par la qualité des grandes interventions darchitecture, qui sont restées au dehors de cette vision tellement dense, tellement intégrée qui existe aujourd'hui entre les citoyens et toute la réalité urbaine qui se présente sans différence entre l'intérieur et l'extérieur.
Donc il y a enfin, pour ce que je peux mengager à imaginer, il y a cette situation qui est vraiment profondément différente de lhéritage que nous avons reçu de la modernité, de tous les théorèmes du rationalisme, de toutes ces choses bien organisées.
En effet on sait bien que dans les siècles passés il y avait des idées complètements différentes, cest à dire que lunivers pouvait être transformé ou à travers la bombe atomique ou à travers les conflits mondiaux, des grandes transformations ou révolutions, mais très souvent, ce type de transformations ont produit soit des désastres, soit des grandes réformes qui nont jamais touché la vie quotidienne.
Cest une réalité enzymatique, mais absolument fondamentale. Je crois que la culture du projet doit commencer à comprendre que la séparation entre lintérieur et lextérieur sont seulement dans des différences apparentes, ce nest pas la question de lordre urbain.
Il faut avoir une vision différente de la ville et de nouveaux processus de projets.