SYSTEME

Je crois qu'au XXIe siècle le design sera appelé à modifier son statut ainsi que les limites de la discipline pour se transformer et élaborer de nouvelles stratégies industrielles à l'époque de la mondialisation ainsi que de véritables stratégies humanistes, à l'époque de la grande crise environnementale.

Des stratégies visant à créer les conditions favorables à une "hospitalité globale" de l'univers bâti : en "maîtrisant" les technologies, en agissant sur les qualités matérielles et immatérielles, perceptives et spirituelles de l'espace urbain, afin qu'il soit en mesure d'accueillir le sacré et le profane, les humains et les animaux, l'architecture mais aussi l'agriculture. Notre époque a besoin d'élaborer des scénarios novateurs, qui ne soient pas le fruit d'une seule et unique logique mais se nourrissent d'un plancton de logiques différentes, sans craindre de franchir la limite qui sépare le projet de l'imaginaire, ce qui est facile de ce qui est difficile, car, dans l'ère de la mondialisation, le rôle de "l'innovation" assume une fonction stratégique et fondamentale pour le système civil dans son ensemble. L'économiste indien Muhammad Yunus (prix Nobel de la Paix en 2006) a démontré que ces stratégies sont aujourd'hui possibles et, après l'échec des méga-programmes du XXe siècle, il a amélioré l'existence de 170 millions de personnes grâce au microcrédit, seul capable de pénétrer dans les interstices des économies nationales pour en modifier le fragile équilibre quotidien. Voici la stratégie propre au design, une stratégie qui n'élabore pas de projets globaux mais met en oeuvre de profondes mutations en suivant des parcours apparemment millimétriques pourtant susceptibles de transformer nos villes de l'intérieur.

Pas seulement de nouveaux produits, mais de nouvelles pensées, de nouvelles stratégies, produire une nouvelle économie, etc. Il faut entrer dans d’autres stratégies plus faibles, plus imparfaites A l'inverse, je rappelle l’expérience du prix Nobel Muhammad Yunus qui a changé l’économie de 170 millions de personnes à travers la stratégie des micro-crédits. Donc ce n’est pas possible que le design qui est devenu l’une des activités les plus diffuses, qui a un rôle stratégique que j’ai cherché à expliquer aussi largement, reste en dehors des mouvements culturels qui se passent, qui changent, en dehors de la musique et de la poésie, qui prend des responsabilités, passe les époques mais reste impassible. C’est une autre stratégie sur laquelle il faut commencer à travailler. Sur les petites choses, ce qui semble un paradoxe, mais, en effet, on voit que c’est une possibilité effective de changer la qualité esthétique, fonctionnelle, humaine de l’espace.

BRANZI, Andrea. Progress. In: QUEHEILLARD Jeanne, SALMON Laurence, BRANZI Andrea, In progress: le design face au progrès, exposition, Grand Hornu, Monographik, Blou, 2010, p. 33-39.
BRANZI Andrea. Conférence, Exposition In Progress, 8 mai 2010 - 12 septembre 2010, Grand-Hornu Images, Belgique, 24 juin 2010
BURKHARDT, François, MOROZZI, Cristina. Andrea Branzi, 4ème de couverture. In: Andrea Branzi No stop city, Archizoom associati, éditions HYX, Paris, décembre 1997
BRANZI Andrea. L’enjeu capital(es), Colloque international d’architecture, 1 - 2 octobre 2009, Centre Pompidou.