REALITE

L'on accuse fréquemment cette jeune génération de ne pas être "engagée", mais en réalité elle exprime une sorte de nouvelle énergie politique qui émane d'un jugement esthétique (qui est aussi un jugement politique) sur la "laideur" du monde actuel qu'elle veut changer sans délai, à partir des objets domestiques, des ustensiles quotidiens; elle saisit l'inutilité qui nous entoure et recherche de nouvelles solutions dans le domaine des micro-fonctions domestiques.

En d'autres termes, nous voyons se reproduire aujourd'hui le syndrome déclenché, il y a six siècles, par l'abandon de l'unité au Moyen âge, quand la foi, la science et la politique ont clamé leur autonomie et s'affichèrent comme des réalités porteuses de "vérités partielles mais totalisantes", en attribuant à la "beauté classique" la tâche de réunifier, ne fût-ce que sur le plan formel, un monde plein de contradictions irrémédiables et de logiques antagonistes.

Le design actuel, faute de systèmes d'agrégation plus généralisés, semble être appelé à jouer cet important rôle historique; il envahit la réalité matérielle et immatérielle du monde contemporain.

Au contraire, il y a cette hypothèse d’une ville qui a déjà une réalité immatérielle, qui est plus un ensemble d’émotions, d’informations sensorielles, de services.

Ce n’est pas réalisé par la qualité des grandes interventions d’architecture, qui sont restées au dehors de cette vision tellement dense, tellement intégrée qui existe aujourd'hui entre les citoyens et toute la réalité urbaine qui se présente sans différence entre l'intérieur et l'extérieur.

Ceci c’est la base du fonctionnement du territoire urbain, qui n’a pas une forme globale, qui n’a pas de forme. C’est une réalité enzymatique, mais absolument fondamentale.

La ville est une réalité qui ne correspond pas à un ensemble de boite d’architecture, un ensemble de fonctions définies.

La ville aujourd’hui est une réalité opaque, cette réalité doit devenir multiple et utilitaire. La réformation de la manière permanente et proposition d’augmentation des règles pour donner une ville moins mise en danger par la crise.

BRANZI, Andrea. Progress. In: QUEHEILLARD Jeanne, SALMON Laurence, BRANZI Andrea, In progress: le design face au progrès, exposition, Grand Hornu, Monographik, Blou, 2010, p. 33-39.
BRANZI Andrea. Conférence, Exposition In Progress, 8 mai 2010 - 12 septembre 2010, Grand-Hornu Images, Belgique, 24 juin 2010
BURKHARDT, François, MOROZZI, Cristina. Andrea Branzi, 4ème de couverture. In: Andrea Branzi No stop city, Archizoom associati, éditions HYX, Paris, décembre 1997
BRANZI Andrea. L’enjeu capital(es), Colloque international d’architecture, 1 - 2 octobre 2009, Centre Pompidou.